08 Aug
L’ Aconcagua est la plus haute montagne des Amériques et le plus haut sommet au monde à l’extérieur de l’Asie. Depuis le début de ma quête, j’ai toujours voulu l’escalader en solo. La voie normale de l’Aconcagua n’est pas difficile techniquement, mais la température intense et son altitude extrême de 6962 m en font un sommet vraiment redoutable. Grimper en solo signifie ne pas avoir de partenaire, porter tout le matériel, installer le camp et cuisiner, ce qui n’est pas toujours facile après une longue journée épuisante. La partie la plus difficile de grimper en solo en haute altitude est la prise de décision. On doute constamment et notre esprit nous joue des tours. Chaque petite décision a un impact sur notre sécurité et nos chances d’atteindre le sommet. Après 10 jours et 4 nuits au Nido de Condores (Camp 2) et une pré-acclimatation jusqu’à 6000 m, je me sentais prêt et fort pour une tentative vers le sommet. Le 20 janvier à 2h45 du matin, j’ai commencé à grimper seul, dans le noir, vers le sommet. Vers 4h du matin, j’ai atteint le camp 3 et j’ai réalisé que même si j’avançais très lentement, je progressais vraiment bien. J’ai pris une pause de 5 minutes pour ajouter quelques couches de vêtements, manger et boire de l’eau. Vers 6h30, le soleil commençait à se lever à l’horizon. C’est pour moi l’un des moments les plus magiques en montagne. Une fois la fameuse traverse complétée, j’ai commencé à escalader la Canaleta, une section escarpée et instable de 300 m. À 6600 m, mon corps a commencé à vraiment ressentir les effets de l’altitude. Je faisais au maximum dix pas avant de devoir m’arrêter pour un repos de 30 secondes. J’essayais de ne pas lever les yeux ou regarder mon altimètre, car même si je savais que j’étais vraiment proche du sommet, j’avais également l’impression d’être si loin ! Je me souviens avoir ri de moi-même parce que je me déplaçais si lentement. Il m’a fallu presque 2 heures pour faire les derniers 300 mètres. Finalement, le 20 janvier 2020 à 9h10, j’ai atteint le sommet de l’Aconcagua. C’était un sentiment tellement puissant et incroyable d’être debout là, tout seul. Il n’y a pas de mots pour décrire une expérience aussi magique. Je me suis rappelé avoir pensé à tous les moments de ma vie où je me suis senti si bas alors qu’à ce moment-là, j’étais probablement la personne la plus élevée au monde. Il faisait assez froid, autour de -29 degrés, et le vent soufflait en rafales de 50 km/h. J’ai passé environ 25 minutes au sommet à profiter de la vue et à prendre des photos et des vidéos. Le froid et le vent rendaient la tâche vraiment difficile. J’étais tellement essoufflé et les émotions étaient si fortes que j’avais du mal à parler. Après 45 minutes de descente, j’ai rencontré un groupe qui montait lentement. J’étais si heureux de ma décision de partir en solo ! Non seulement je pouvais grimper à mon rythme, mais le fait de me tenir seul au sommet valait bien tous les doutes et les moments difficiles que j’avais vécus auparavant. J’ai pris un sentier qui me permettait de descendre plus rapidement et j’ai pu regarder le sommet depuis le camp 2, huit heures seulement après avoir quitté ma tente. Après avoir diné, j’ai décidé de descendre jusqu’au camp de base. Ce fut une journée de marche de treize heures au total. Le lendemain matin, j’ai marché 30 km pour me rendre au début du sentier.
Sur l’Aconcagua, j’ai appris à mieux me connaître, à croire en moi, à vraiment écouter mes émotions et à prendre soin de mon corps et de mon esprit. J’ai certainement eu des moments de doute, mais j’ai continué à écouter mon coeur et il m’a emmené en toute sécurité en haut et en bas de la montagne. Ces leçons peuvent être appliquées à notre vie, car nous avons tous une montagne à gravir !